La publication des correspondances de Félix Arnaudin

03 mars 2000
04m 58s
Réf. 00004

Notice

Résumé :

La mémoire du photographe et écrivain landais, Félix Arnaudin, connaît un véritable engouement ; en attestent les projets culturels envisagés par la municipalité de Labouheyre autour de sa maison natale ainsi que la publication, depuis 1995, de ses Œuvres complètes et dont le cinquième tome regroupant sa correspondance vient de paraître.

Type de média :
Date de diffusion :
03 mars 2000
Source :

Éclairage

Félix Arnaudin (1844 – 1921) assista aux transformations de la Grande-Lande, au milieu du XIXe siècle, en ce que l'on nomme aujourd'hui le massif forestier des Landes de Gascogne. La sylviculture extensive allait condamner un mode de production et un système social multiséculaires.

S'opposant aux transformations sociétales, économiques et environnementales de son pays, il refusa d'en souffrir dans une nostalgie de l'ancienne société, mais se positionna comme un des derniers témoins de la vieille lande. Jusqu'à sa mort, il œuvra à révéler une terre, une langue et un paysage en mutation. Dénuée de tout préjugé romantique, sa démarche sera toujours portée par une intention objective tant dans la dimension folkloriste et ethnographique de son œuvre que dans celle historique et littéraire.

Ainsi, il parcourut la lande à bicyclette, interrogeant les derniers porteurs de la tradition avec un questionnaire préparé au préalable, photographiant hommes et paysages, relevant avec un souci permanent de justesse dans la méthode de travail les détails d'une culture et de modes de vie en passe de disparaître. À coté de ces milliers de feuillets de notes et d'un journal intime qu'il tenu toute sa vie, Félix Arnaudin recueillit et consigna une tradition orale ancestrale glanée au cours de veillées paysannes.

Proverbes, contes et chants populaires, retranscrits scrupuleusement et parfois même traduits, firent l'objet de trois publications de son vivant, qui restèrent relativement confidentielles. Ce n'est qu'au début des années 1960 qu'est redécouverte l'œuvre considérable de Félix Arnaudin grâce à deux Bordelais, Adrien Dupin et Jacques Boisgontier, et au neveu et héritier de l'écrivain, Camille Arnaudin. Quatre volumes sont alors publiés révélant la somme de contes, de chants et de proverbes consignés par le folkloriste.

Porté par deux universitaires, Guy Latry et Christian Coulon, et un éditeur, Eric Audinet, le projet des Œuvres complètes consacre et reconnaît à sa juste valeur le travail de Félix Arnaudin. Reprenant la matière des précédentes publications, dans une version reclassée et augmentée, ces huit tomes révèlent dans son entier et sa pluralité l'héritage de cet écrivain ethnologue et folkloriste : son journal intime, des fiches détaillées matière pour un dictionnaire, des réflexions personnelles mais aussi sa correspondance qui fait l'objet du tome 5. Cette dernière est d'autant plus intéressante que, avec un soin méticuleux de classement et d'organisation, Félix Arnaudin avait conservé les brouillons des lettres qu'il envoyait. Les traductions des retranscriptions gasconnes ont été faites selon les principes formulés par l'écrivain, dans une justesse de ton entre trop de littéralité et trop de distance.

Si Félix Arnaudin n'a pas connu de son vivant la reconnaissance publique que son œuvre méritait, la publication des Œuvres complètes couplée à l'investissement des collectivités locales à faire connaître ce grand folkloriste rendent hommage au travail d'une vie. Tandis que se mettent en place un prix littéraire Félix Arnaudin et un prix photographique Félix Arnaudin, la maison de l'écrivain à Labouheyre devient un lieu de création et de diffusion du Parc Natural Régional des Landes de Gascogne.

Bibliographie :

- ARNAUDIN Félix, Œuvres complètes, Belin-Belliet : Parc Naturel des Landes de Gascogne, Bordeaux : éd. Confluences, 1994-2007, 9 volumes.

Diane Barbe

Transcription

(Musique)
Olivier (de) Marliave
Bonsoir, il y a 80 ans disparaissait Félix Arnaudin, un homme que l’on ne finit pas de découvrir. Le tome 5 de ses œuvres complètes vient de paraître, Arnaudin était à la fois écrivain, photographe mais aussi ethnologue et c’est grâce à lui que l’on connaît bien maintenant les hommes et les paysages de la grande Lande d’avant la forêt. Arnaudin a vécu à Labouheyre dans cette petite maison. Une maison qui semble bien modeste à l’image en fait de cet homme qu’on nommait ici Lou Pèc de Labouheyre, le fou. Mais après 60 ans d’oubli, la mémoire d’Arnaudin, non seulement revit, mais connaît un engouement que la municipalité de Labouheyre a l’intention de mettre à profit.
Orlando Garcia
Cette maison doit devenir le lieu de création et de diffusion du parc naturel régional au même titre que Marquèze, que le parcours en mythologie, que le, du Teich agissent dans d’autres domaines ; et pour développer la création et la diffusion, nos élus souhaitent mettre en place un prix littéraire Félix Arnaudin et un prix photographique Félix Arnaudin.
Olivier (de) Marliave
La publication des œuvres complètes de Félix Arnaudin commençait il y a 5 ans. La somme de photos, de textes, de chansons, de contes et légendes laissés par cet homme en font un des grands folkloristes européens. Le tome 5 vient de paraître, il concerne sa correspondance et le livre était présenté par ces maîtres d’œuvres, des universitaires bordelais qui ont collecté tous les écrits d’Arnaudin, soit des milliers de pages qu’il a fallu classer, répertorier et commenter.
Guy Latry
Arnaudin a correspondu avec les plus grands spécialistes des domaines qu’il étudiait à l’époque, c’est-à-dire avec des historiens comme Camille Jullian, avec des romanistes comme Gaston Paris et alors qu’il était tout seul isolé dans sa campagne landaise. Ce qui prouve disons que, à l’époque, il avait le souci de faire œuvre scientifique et le souci d’être reconnu par les instances scientifiques. Et ce qui est intéressant, et ce qui montre l’importance qu’il donnait à cette correspondance c’est que, non seulement, il a conservé les lettres qu’il recevait mais il a conservé le brouillon des lettres qu’il a envoyées, ce qui fait qu’on a la chance exceptionnelle d’avoir la correspondance complète.
Inconnu
Je suis sans position, sans fortune, sans force pour en acquérir. Je n’ai plus d’ami. Les quelques sympathies qui avaient entouré mes premiers pas, tant que mes quelques dons naturels semblaient donner quelques espérances, se sont éloignées une à une pour faire place à l’indifférence. Le vide qui s’est fait autour de moi me fait cruellement sentir mon infériorité sociale.
Christian Coulon
Moi, qui suis africaniste, je peux le comparer avec les grandes enquêtes ethnologiques linguistiques de littérature orale qui ont été menées un peu partout dans le monde. Et incontestablement, je crois qu’on a là une œuvre qui est d’une qualité tout à fait exceptionnelle. Surtout, lorsqu’on sait qu'Arnaudin était un autodidacte, c’est-à-dire que contrairement aux ethnologues actuels ou d’il y a quelques années, il n’a pas été formé, il s’est formé sur le tas. C’est une œuvre qui mérite, je crois, enfin d’être reconnue comme telle et qui n’avait pas été jusqu’à aujourd’hui je pense, à sa juste valeur.
Olivier (de) Marliave
Pour le grand public, Arnaudin fut avant tout photographe. L’homme a tiré plus 3000 clichés, des scènes de la vie rurale gasconne des années 1895 à 1910. Grâce à cette édition des œuvres complètes, Arnaudin trouve enfin le public le plus large.
Eric Audinet
Sur le plan de la diffusion, on s’aperçoit qu’on a sous forme de commandes, des choses qui arrivent un peu du monde entier. Bizarrement alors, chez des... dans tout le milieu de l’ethnographie. Et on commence à le vendre aussi un peu dans certains pays francophones. Alors c’est un travail de longue haleine, c’est vrai que ça fait 5 ans que la collection a été commencée mais je fais le, enfin on est un certain nombre à faire le pari qu’il devrait pouvoir y avoir une reconnaissance nationale d’Arnaudin.
Inconnu
Je n’ai guère reçu d’encouragements. L’indifférence et les railleries un peu de tous côtés en ont volontiers pris la place.
Olivier (de) Marliave
Les cinq premiers tomes des œuvres de Félix Arnaudin ont été publiés par les éditions Confluences et le Parc régional des Landes de Gascogne. Autre publication concernant les Landes, le livre de Jean-Claude Mouchès Le prix du courage il s’agit de souvenirs insolites ou curieux du docteur Mouchès qui a vécu la course landaise pendant très longtemps. Il était en effet infirmier de campagne. Et puis je voudrais rapidement vous signaler la sortie des deux premiers numéros de l’excellente revue Gascogne La Talanquère, deux premiers numéros de cette année 2000 bien sûr ; le numéro qui va paraître à la fin du mois est un spécial Lettres Gasconnes de Michel Suffran. Voilà, bonne lecture avec tout cela, point final de cette première partie du 19/20, dans un instant le journal et bien sûr bonne soirée à tous.