L'airial landais, une construction traditionnelle

16 mai 2001
05m 59s
Réf. 00300

Notice

Résumé :

Patrimoine architectural landais lié à l'ancienne économie agro-pastorale, les airiaux, labellisés en 1993, sont aujourd'hui très prisés. Dans sa dernière publication, L'airial landais, le CAUE des Landes propose un certain nombre de conseils pour leur restauration et encourage les communes à envisager leur projet d'urbanisme selon les caractéristiques de ces constructions ancestrales.

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Date de diffusion :
16 mai 2001
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Éclairage

Dérivé du latin area, "surface, sol uni, emplacement pour bâtir", l'airial constitue, certainement dès le Moyen Âge, un élément patrimonial identitaire d'une grande partie de la Gascogne. C'est un modèle du passé, un exemple pour l'avenir.

Dans un pays d'habitat dispersé, il constitue, jusqu'à la fin du XIXe siècle, le fondement de l'organisation de la société agro-pastorale où la survie des hommes est intimement liée à la valorisation de terres pauvres constituées de sols acides peu productifs. C'est l'impérieuse nécessité de modifier le milieu par l'amendement qui a regroupé dans un espace commun hommes et bêtes, lieux d'habitation et dépendances dans un équilibre harmonieux que l'on redécouvre depuis quelques décennies.

L'action du Parc naturel régional des Landes de Gascogne et le rôle de l'écomusée de Marquèze ne sont pas étrangers à cette évolution et à la réhabilitation de l'airial labellisé depuis 1993 par le ministère de l'Environnement.

Si la lettre est morte, l'esprit demeure. La beauté d'une nature harmonieusement maîtrisée, l'élégance d'une décoration naïve sur un élément architectural et la paisible tranquillité de ces espaces ouverts, laissés au gran libran [1], séduisent plus que jamais des citadins en mal d'authenticité, décillent les yeux de propriétaires locaux qui se réconcilient avec ce monument du passé quelque peu dédaigné parce que devenu inutile et coûteux.

Le guide du CAUE [2] intitulé L'airial landais [3], et d'autres publications spécialisées sur la question - notamment le Livre blanc du PNRLG - prodiguent maints conseils pour la réalisation d'une restauration réussie de ces oasis d'authenticité et constituent de précieux auxiliaires pour ceux qui ont fait le pari de rendre un airial à la vie.

Les malheureuses initiatives rédhibitoires opérées çà et là sur les milliers d'airiaux que compte la Gascogne, entre Adour et Garonne, sont heureusement compensées aujourd'hui par des restaurations admirables évitant les excès, respectant la nature des matériaux [4] et acceptant les contraintes d'un habitat traditionnel éloigné parfois des exigences du mode de vie actuel. La conservation de petites ouvertures en harmonie avec les proportions du bâti en est un exemple ; le défaut de lumière y est largement compensé par la fraîcheur des lieux en été et par l'intimité d'une chaleur confinée en hiver pour peu que l'on consacre un certain budget à l'isolation faite de matériaux nobles traditionnels (laine, chanvre).

Cette prise de conscience des particuliers gagne désormais municipalités et entrepreneurs soucieux de pérenniser un modèle qui a fait ses preuves et qui correspond surtout aux aspirations de clients de plus en plus informés et cultivés. De nouveaux projets d'urbanisme voient ainsi le jour, tant à Retjons qu'à Garein où un éco-hameau installe, dans l'écrin d'un airial couvert de chênes, des maisons en pin des Landes reprenant formes et volumes des bâtisses traditionnelles et qui respectent l'environnement : alliant respect du passé et techniques du futur, ce lieu de vie éco-responsable constitue une promesse pour l'avenir, renoue avec l'identité propre du territoire.

Mais un airial est un espace vivant ; chênes tauzins et pédonculés, tilleuls et arbres fruitiers survivants nécessitent les soins constants des élagueurs tandis que le propriétaire averti veille à la croissance de générations nouvelles qui continueront de protéger cet espace de vie unique.

[1] Expression gasconne, employée dans le nord des Landes, signifiant "en liberté".

[2] CAUE : Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement.

[3] Collectif, L'airial landais, Mont-de-Marsan : CAUE des Landes, décembre 2000, 48 pages.

[4] Bois, torchis, pierre locale appelée garluisha, brique de terre cuite ou barron, carreau "de Gironde" ou adrilha, tuile romane et chaux.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
Patrick Pannier
Bonsoir, Aquitaine Première vous présente ce soir ces paysages qui sont aussi une partie du patrimoine de la Haute Lande, et ceci à l’occasion de la sortie de ce guide, L’Airial landais, conçu et édité par le CAUE des Landes. L’airial plus que bicentenaire est peut-être un exemple pour l’habitat de demain.
(Silence)
Patrick Pannier
C’est à la suite d’une mutation professionnelle de son mari que Odile Trouilleux, venant de la région parisienne s’est retrouvée dans les Landes. Tombés amoureux des lieux, les nouveaux occupants de cet airial ont consacré 4 années et une bonne partie de leurs économies à sa restauration dans les règles de l’art et dans le respect de son authenticité.
(Silence)
Odile Trouilleux
On a eu de bons conseils parce que souvent, les gens étudient du béton pour refaire ce type de rénovation, c’est à bannir complètement, il faut réutiliser des produits naturels, la chaux, tous les enduits sur fond à la chaux pour que le bois respire, parce que chaux et bois, ça respire et béton et bois, c’est la mort du bois quoi.
Patrick Pannier
L’airial, cette surface composée d’une maison d’habitation et de ses dépendances, est un paysage labellisé depuis 1993 par le ministère de l’Environnement et qui, par bonheur, a survécu aux extraordinaires transformations de la Landes au XIXème siècle.
Jacques Duhart
L’airial correspond en fait à l’ancienne économie agro-pastorale, qui est apparue dans les Landes, probablement au moyen âge et qui a disparu avec les bouleversements économiques du XIXème siècle, avec l’arrivée des exploitations forestières et la fin de cette économie qui était liée au pâturage des moutons ou aux bergers, à une occupation du territoire qui se faisait sous la forme de petits îlots de colonisation qui représentaient une ou plusieurs familles et qui s’installaient en petits regroupements.
Patrick Pannier
Avant la plantation généralisée de la forêt de pins ordonnée sous Napoléon III, ces fermes étaient de véritables oasis dans le désert de la lande. De nos jours, on en recense plusieurs milliers entre Adour et Garonne. Très prisés des étrangers et des amateurs de calme et de nature, les airiaux s’arrachent à prix d’or. Cependant, leur restauration laisse parfois à désirer.
(Silence)
Odile Trouilleux
Il y a quand même des gens qui ont su garder et faire une jolie restauration, garder la maison dans son authenticité. Donc, on en trouve encore quelques-unes mais il y en a beaucoup qui, malheureusement, les ont massacrées quoi, qui ont voulu trop les moderniser. Bon là, à ce moment-là, je pense qu’il faut se tourner plus sur de l’habitat contemporain. Si on veut ce type de structure, avec des grandes ouvertures, parce que la maison landaise, par principe, elle a des petites ouvertures, la maison landaise est sombre.
Patrick Pannier
L’airial landais , dernière publication du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement des Landes, c’est un guide qui sert avant tout de références dans la préservation et la réhabilitation de ce patrimoine.
Jacques Duhart
L’airial est un lieu qui nous apprend beaucoup de choses sur une manière de vivre peut-être un petit peu plus authentique, un petit peu plus proche de la nature. Donc, l’ouvrage L’Airial landais va présenter un petit peu ce mode de vie et ainsi que les manières dont on peut s’en inspirer pour faire de l’architecture ou de l’urbanisme aujourd’hui.
Patrick Pannier
Aujourd’hui, et c’est une des missions du CAUE des Landes comme ici à Retjons, les communes sont incitées et soutenues dans l’aménagement de leur nouvel habitat selon les caractéristiques ancestrales de l’airial.
Jacques Duhart
Ce lotissement est en fait un nouveau quartier landais. Il s’inspire un petit peu des quartiers de la lande d’autrefois dans lesquels on accédait par un simple petit chemin blanc, tel que celui que l’on voit ici, et ensuite on retrouvait les maisons un petit peu dispersées dans l’espace, contrairement aux quartiers contemporains où au contraire on cherche une certaine densité. Par ailleurs, l’autre différence importante est qu’il n’y a plus de clôture. En ville, aujourd’hui, toutes les clôtures sont maçonnées. Ici, on va retrouver éventuellement quelques piquets d’acacia avec un petit peu de grillages mais ça sera le maximum de ce qui sera acceptable pour l’équilibre général du paysage.
(Silence)
Patrick Pannier
Outre les bâtiments principaux, l’habitation et ses dépendances, l’environnement de chênes sur une pelouse impeccable, c’est aussi cela l’airial landais. Chênes pédonculés et chênes tauzins sont les essences historiques de l’airial. La plupart d’entre eux, puissants, majestueux, et alignés en damier fournissent une ombre paisible en ces lieux. Leur entretien, un lifting régulier mais à dose homéopathique.
Bruno At
Là, c’est des très vieux chênes qui datent de Napoléon apparemment, d’après l’histoire de la maison et là, en fait, on va éliminer tous les bois morts, les bois morts qui présentent un danger quoi, pour les passants, et on va surtout essayer de ne pas trop tailler l’intérieur, vu que c’est un sol assez pauvre en eau en été.
(Bruit)
Pierre Darmanté
Depuis une quinzaine d’années, on se soucie beaucoup plus de la valeur patrimoniale de ces arbres, qui font aussi comme le savent les agents immobiliers la cote de certains endroits puisque les gens achètent pour le patrimoine d’arbres quelquefois un lieu. Donc, on soigne un peu plus ces patrimoines, on essaie de les faire durer le plus longtemps possible.
Patrick Pannier
J’espère que cette Aquitaine Première vous aura convaincu que les Landes ne sont pas qu’une vaste forêt de pins totalement inhabitée, qu’il existe ici dans ce pignada de véritables trésors d’architecture et de patrimoine. Dans un instant, le journal régional. Je vous souhaite de passer une bonne soirée sur France 3 Aquitaine.